À chaque fois que j’avais un espace pour vendre mes illustrations dans un événement, cette question revenais régulièrement. « Est-ce que tu réussis à vivre de ton art ? »
À l’époque, je ne savais trop pourquoi, celle-ci me déstabilisais. Je tombais sur la défensive et je tentais maladroitement de me justifier. « Non, mais c’est dans les plans éventuellement, bien sûr… » que je balbutiais, de manière plus ou moins convaincante.
La question me hantais. Mais pourquoi est-ce que je réagissais ainsi ? Qu’est-ce qui me dérangeais avec cette question ?
Avec le temps, j’ai trouvé un semblant de réponse.
On se définit souvent par notre travail. Donc, de la manière par laquelle nous faisons de l’argent.
Après tout, ce n’est pas anodin que c’est une des premières questions qu’on demande à une personne récemment rencontrée: « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? »
Cette interrogation est tellement ancrée dans nos habitudes qu’elle relève de la norme.
Pourtant, est-ce que notre travail nous définis tant que ça ?
L’illustrateur et baladodiffuseur, Andy J. Pizza, a discuté de ce sujet dans un de ses plus récent épisode de balado « Creative Pep Talk ».
Voici une de ses citations qui m’a particulièrement marquée, en traduction libre:
La manière dont tu fais de l’argent ne te définis pas.
– Andy J. Pizza
La bédéiste et autrice Jessica Abel mentionne également cette réalité dans son livre Growing Gills.
La plupart des créateurs estiment que gagner de l’argent avec leur travail créatif est une condition du succès et donc de l’intérêt du projet. Vous devez être payé ou votre travail ne vaut rien – ce qui est absolument faux.
Tant que vous obtenez ce dont vous avez besoin, votre travail est une réussite et il est extrêmement utile.*
– Jessica Abel
La réalité est que plusieurs artistes ne vivent pas exclusivement de leurs oeuvres.
Par choix, parce que c’est extrêmement difficile ou pour d’autres raisons.
L’offre excède largement la demande et la situation économique actuelle ne fait rien pour améliorer cette situation. Il n’est pas rare que plusieurs d’entres eux jongles entre un chapeau de salarié et un autre d’artiste.
Je crois que personne ne devrait mettre sa situation financière personnelle en péril à cause de sa pratique artistique.
Le mythe de l’artiste sans le sous doit cesser car il ne fait qu’entretenir de fausses perceptions sur ce qu’est réellement une vie d’artiste réussie.
Bien sûr, la prise de risque est essentielle pour tout projet. Que ce soit de nature entrepreneurial, artistique ou autre. Mais de là à y laisser ses économies, sa sécurité et sa liberté ?
On ne créé pas nécessairement pour gagner sa vie. On peut le faire pour notre plaisir et parce que c’est viscéral pour notre bien-être. C’est bon de se le rappeler dans une société extrêmement compétitive et axée sur le gain financier.
Cela dit, il n’y a évidemment absolument rien de mal à vouloir gagner sa vie grâce à ses oeuvres. Mais je ne crois pas qu’il faut se taper dessus si on ne réussis pas car de nombreuses variables en dépendent.
On connais tous quelqu’un d’extrêmement talentueux qui chante au Karaoke.
Le fait de lâcher le quotidien et de prendre quelques instants afin de créer, c’est déjà une grande réalisation.
Continuez de créer, et ce, peu importe vos aspirations.
Très bon article, intéressant à lire.
Ton point de vue reflète bien la réalité.
Merci.
Merci Mélanie ! 🙂 Je vais certainement élaborer dans un prochain article car je sent que je n’ai qu’effleuré la pointe de l’iceberg.